Cathédrale Notre-Dame de Reims (Marne)
Mercredi 5 novembre 2014. Belle journée annoncée que ce mercredi 5 novembre. "Eh, mon p'tit Jean-Louis, et si on allait enfin à Reims ?" Cette fois-ci, pas moyen d'y échapper, et Aurélie aura bien le dernier mot. "Ok, let's go !" 9 heures à peine et on prend la route pour la Champagne. Journée d'automne trop courte pour songer à faire une pause en chemin, Aurélie bombe sur l'autoroute, et trois heures plus tard, nous voici donc à Reims***. Immeubles massifs post Grande Guerre (la ville a été aux trois quarts détruite...), tramway jaune moche à souhait, magasins de chaîne coincés dans les rez-de-chaussée, fronton classique du palais de Justice... Le centre-ville de Reims ne casse pas des briques.
Bon, la vérité, c'est que nous ne sommes pas ici pour le centre-ville, mais bien pour la cathédrale Notre-Dame de Reims***, la cathédrale royale, celle qui vit des générations entières de rois se faire sacrer ici, sans oublier bien sûr l'incroyable sacre de Napoléon 1er, empereur des Français. Petite halte obligatoire par l'Office de tourisme : "Bon, vous êtes ici, vous pouvez visitez ça, on peut réserver ça pour vous..." Mouais, bon... "Z'avez un plan de la ville, savez pas où on peut reprendre la route des vins ?" Ok, on file vers la cathédrale. Merde, son portail principal est en travaux. C'est bien ma veine. Heureusement, les deux portails latéraux sont comme neuf. Un comble pour une cathédrale construite entre 1211 et 1275, légèrement plus jeune que Notre-Dame de Paris, mais d'une beauté bien supérieure. En fait, Il s'agit de l'une des réalisations majeures de l'art gothique en France, tant pour son architecture que pour sa statuaire qui compte plus de 2 300 statues ! Quelle histoire que cette cathédrale. Un premier édifice fut construit sur d'anciens thermes gallo-romains et mesurait alors 20 m sur 55 m. C'est ici que se déroula le baptême de Clovis, par l'évêque Remi de Reims, un 25 décembre. Puis en 816, Louis le Pieux est le premier monarque français à être couronné à Reims. Il est décidé alors de reconstruire et d'agrandir la cathédrale. L'archevêque fait orner l'intérieur du bâtiment de dorures, de mosaïques, de peintures, de sculptures et de tapisseries. Elle est consacrée len 862 en présence de Charles le Chauve. Le nouveau bâtiment est long de 86 m. À partir de 976, la cathédrale carolingienne est de nouveau agrandie et illuminée. Au milieu XIIe siècle, la façade est démolie dans le but d'ériger une nouvelle façade, encadrée de deux tours, sur le modèle de la basilique Saint-Denis. L'édifice mesure 110 mètres de long. En 1210, la cathédrale est détruite dans un incendie. Une nouvelle cathédrale est mise en chantier le 6 mai 1211.

Le prestige de la sainte Ampoule et la puissance politique des archevêques de Reims aboutirent à partir d'Henri Ier (1027) à fixer définitivement le lieu du sacre à Reims. Tous les rois de France se sont fait sacrer dans la cité rémoise, à l'exception de sept d'entre eux : Hugues Capet, Robert II, Louis VI, Jean Ier, Henri IV, Louis XVIII, Louis-Philippe Ier. La cathédrale de Reims a été qualifiée de « cathédrale martyre » car, en 1914, peu après le début des hostilités, elle commence à être bombardée par les Allemands. Les premiers obus tombent sur la ville de Reims et sur la cathédrale le 4 septembre 1914. Le 19 septembre 1914, 25 obus touchent la cathédrale. La cathédrale a reçu 288 obus pendant la guerre dans une ville détruite à 85 %. La cathédrale est restaurée grâce aux nombreuses photographies de l'édifice prises dans les années 1880, aux débuts de la photographie.

La cathédrale de Reims possède sans doute l'une des plus belles façades du monde. Dommage que son portail central soit en rénovation... Grrrrrr... Sa statuaire est supérieure à celle de toutes les autres cathédrales européennes. Dieu merci, le portail gauche est lui entièrement visible. Une tuerie. On peut y voir la statue de l'Ange au Sourire, emblème de la ville de Reims, et celle de la Reine de Saba. L'édifice se distingue par une rare unité de style, malgré une construction qui s'étendit sur plus de deux cents ans. Le portail principal est dédié à Sainte Marie, ce qui est exceptionnel : d'habitude le Christ sauveur se trouve au centre pour accueillir le visiteur. Il est probable que le portail du transept Nord, avec la statue du Christ Sauveur et le jugement dernier, était à l'origine destiné à se trouver sur le portail principal mais que l'architecte en a décidé autrement en mettant Sainte Marie à la place d'honneur. À la gauche de Sainte Marie, se trouve la scène de l'Annonciation, avec l'ange de l'Annonciation. À 50 mètres du sol, se trouve la « galerie des rois » avec, au centre, le baptême de Clovis. Plus bas, on peut observer le récit du combat de David contre Goliath. Juste au-dessus du grand portail, se trouve une copie du couronnement de la Vierge. L'original de cet ensemble grandiose se trouve au palais de Tau qui jouxte la cathédrale.

Bon, ok, on ne traîne pas dehors. Une fois à l'intérieur, on reste scotché par la luminosité de l'ensemble. Rien à voir en effet avec Notre-Dame de Paris ! L'intérieur est constitué d'une nef centrale de dix travées, bordée de part et d'autre de collatéraux, d'un déambulatoire sur lequel s'ouvrent cinq chapelles rayonnantes. La nef présente une élévation à trois niveaux, classique du gothique français du XIIIe siècle, dans sa forme la plus équilibrée : des grandes arcades, un triforium aveugle, des fenêtres hautes à deux lancettes surmontées d'une rose à six lobes. Le choeur ne comporte que deux travées mais pour maintenir le maître autel à la place qu'il occupait jadis dans la cathédrale carolingienne, le chœur a été prolongé et empiète sur quelques travées de la nef. Il était autrefois cloturé par un jubé ou était placé le trône royal lors des sacres. Dans le bras nord du transept une horloge astronomique du XVème siècle indique les phases de la lune. Et bien voilà, la visite s'achève. "Eh Aurélie, tu me prends en photo avec tes Ray-ban ?" Mauvaise idée. C'est là que survient le drame. Le temps de chausser les Ray-ban et Aurélie s'asseoit sur mes lunettes de vue. Branches tordues et ressort cassé. "Bon, ok, et si on allait manger ?"

Le temps de sortir de la cathédrale et de jeter un coup d'oeil sur le palais de Tau***, on file droit vers le Bureau, le bistrot qui fait l'angle de la place. Le type me sert à peine la moitié d'un verre de vin. "Non, mais oh, c'est une maladiction, aujourd'hui ?"
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